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le grand Paris, un rapprochement entre Montmartre et Saint Denis après deux siècles d'oubli ?

24 janvier 2014


 le martyre de Saint Denis, gravure sur bois - Wikimedia Commons, domaine public

D'après l'étymologie, le nom de Montmartre dérive de Mons mercurii ou Mons martyrii. Au IIIème siècle, Denis, évêque de Paris, et ses compagnons, Éleuthère et Rustique, sont martyrisés sur le flanc de la colline de Montmartre, à proximité d'un temple -supposé de Mercure- vers l'an 2501). Les trois auraient eu la tête coupé. Selon la légende, Denis se serait relevé et, prenant sa tête à bout de bras, se serait acheminé vers le nord ; après quelques kilomètres, le saint martyr se serait effondré au sol et en ce lieu une source miraculeuse aurait jailli. Le terrain de sa sépulture (ou celui de sa chute définitive) appartenait ou fut acheté par une dame de la noblesse gallo-romaine, Catullia, et sur ce campus catulliacus on érigera du temps de Dagobert un lieu sacré consacré à Saint Denis. Un autre récit, contemporain, a brodé autour de ce thème l'histoire du martyre de Saint Denis et celle de son bourreau.
Le culte de Saint Denis remonte en fait à Geneviève, sage administratrice qui sauva Lutèce et ses habitants de la destruction lorsque les Huns apparurent dans l'empire romain tardif. Elle fonda des chapelles dans les lieux où le saint s'était arrêté pour prier lors de sa montée au martyre, les montjoies2).
La fondation de Dagobert, une abbaye, devint la dernière demeure des rois des Francs qui souhaitaient reposer pour l'éternité à proximité de la sépulture du saint. Mais nous ne parlerons pas dans cette page de la longue histoire du complexe abbatial de Saint Denis, ni de ses liens étroits avec la Royauté.

La non moins célèbre abbaye de Montmartre fut fondée quelques siècles plus tard et les relations entre le lieu du martyre de Saint Denis et celui de sa sépulture furent très étroites et se poursuivirent jusqu'à la veille de la Révolution française : tous les sept ans en effet, une procession partait de l'abbaye de St Denis et se rendait à Montmartre, commémoration du chemin parcouru par le saint martyre et retour à son point d'origine. Grande cérémonie de dévotion populaire, elle manifestait la présence importante de la religion face au Paris royal et, eu égard aux liens de la Prieure de l'abbaye de Montmartre avec la Cour, était un évènement mondain auquel participaient les grands de l'époque.
L'itinéraire suivait des rues qui existent encore de nos jours, même si elles ont parfois changé de nom et si le périphérique a coupé l'accès direct à St Ouen,

Les débats politiques sur l'agrandissement à moyen terme de Paris par extension de ses limites administratives, méritent qu'on y prête attention lorsque des pans de l'histoire sont en jeu : si les communes de la petite couronne étaient absorbées dans Paris, devenant de nouveaux arrondissements, les relations entre le centre et la périphérie seraient améliorées et il n'y aurait plus cette coupure nette entre St Denis et Paris. Mieux même, le rétablissement d'une continuité3) entre ce qui est aujourd'hui Paris, d'une part, et les départements limitrophes, d'autre part, simplifierait les relations entre deux univers que tout sépare : administration, hiérarchie épiscopale, différences culturelles…etc…

Et dans cet espace enfin unifié, processionner de la basilique de St Denis à l'ancienne église abbatiale de St Pierre de Montmartre ne poserait plus de problème4) : la dernière ayant eu lieu en 1784, la prochaine devrait se dérouler en 2015…

1)
selon d'autres sources, cela aurait eu lieu en 258 sur l'île de la Cité.
2)
Définition : monticule de pierres placé au bord des chemins, surmonté ou non d'une croix ou d'une indication, destiné à célébrer un événement important; croix ou indication surmontant ce monticule.
3)
dont la couverture du périphérique
4)
aux autorisations préfectorales, pour défiler sur la voie publique, près
infos/news/grand_paris.txt · Last modified: 2017/01/20 18:43 by admin