Lettres d'Allemagne
Westphalie
2013-2014
CREDO, l'exposition qu'on ne verra pas en France
Une remarquable et très riche exposition, répartie dans trois édifices de Paderborn, consacrée à la christianisation de l'Europe. En effet, on a un peu trop tendance à oublier :
- que les envoyés de Dieu sont venus d'Orient, tels Pierre et Paul, Juifs convertis, ou Irénée de Lyon, grec originaire d'Asie mineure ;
- que la christianisation de notre vieille Europe a débuté par le sud puis l'ouest, avant de s'étendre à l'est et au nord.
Cette exposition détaille l'histoire de ce mouvement au travers d'une multitude d'objets de culte, écrits, maquettes… en insistant sur cette conquête, et le terme n'est pas trop fort, des esprits à la foi chrétienne. Conquête qui s'est faite en plusieurs étapes, marquées par des phases d'implantation, de persuasion et conversion par l'exemple, d'assimilation, de guerre et conversion forcée. Si l'Église retient l'histoire des martyrs et des Saints de cette époque, l'histoire politique marque le passage, pour ces peuplades dites “barbares”1), de l'autonomie à leur intégration dans un espace européen en expansion pendant tout le haut Moyen-Âge et jusqu'au XVème siècle.
La liste des musées et institutions ayant fourni des pièces à cette grande exposition est fort longue : il semble que les organisateurs aient souhaité obtenir des contributions en provenance de toute l'Europe, comme pour signaler au grand public et rappeler aux décideurs que les racines du Vieux Continent sont très largement chrétiennes. En deux volumes, le catalogue est un monument à lui tout seul et apporte cette ample vision historique de synthèse qui fait un peu défaut2) de nos jours.
Un simple fait expliquera ce mouvement porté ou initié par l'Église avec le soutien du pouvoir politique : le diocèse de Paderborn a été érigé en 799 par le Pape Léon III et l'empereur Charlemagne, avec autorité sur tout le territoire situé à l'est : c'était un avant-poste dans lequel, afin de marquer l'aspect sacré de ce mouvement, la cathédrale fut consacrée à Sainte Marie, Saint Kilian et Saint Liboire à partir, pour ce dernier, de reliques transférées du Mans3) sur l'impulsion de l'Empereur et Roi d'Aquitaine Louis le Pieux.