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Lettres du Sud de l'Angleterre
La cathédrale d'Arundel
(1er juillet 2014)
En 1664 le culte catholique romain fut supprimé en Angleterre par le Conventicle Act et l'ensemble des édifices religieux devint propriété de l'Église d'Angleterre1). À partir de l'acte d'émancipation2) de 1829, la fondation de paroisses catholiques romaines redevint légale.
L'emplacement de la cathédrale d'Arundel, la construction et sa conception doivent beaucoup à la famille Howard, qui, en tant que Duc de Norfolk et Comte d'Arundel, sont les plus importants représentants catholiques de langue anglaise dans la pairie d'Angleterre. Il s'agit d'un bel édifice de l'époque gothic revival, situé à Arundel dans le Sussex, édifié à partir de 1868 sur des terrains appartenant à Henry Fitzalan-Howard, 15ème Duc de Norfolk ; celui-ci chargea l'architecte Joseph Hansom de concevoir un édifice qui servît de contrepoint au château d'Arundel. Construit dans un style gothique français du XIVe siècle -époque où les Howard accédèrent à la notoriété-, l'édifice est classé parmi les monuments exceptionnels3) outre Manche.
Initialement église paroissiale catholique dédiée à Notre-Dame et à Saint Philippe Néri, devenue cathédrale du diocèse d'Arundel & Brighton en 1965, la dédicace a été modifiée en 1973 suite à la canonisation de Philippe Howard, 20ème comte d'Arundel, et à la translation de ses reliques dans la cathédrale.
Un mot de ce saint : Saint Philip Howard (28 juin 1557 – 19 octobre 1595), 20ème4) comte d’Arundel était un important noble anglais ; suspecté de complot, il fut incarcéré à la Tour de Londres le 25 avril 1585, sur ordre de la reine Élisabeth. Laissé dans le doute quant à l'éventualité de son exécution, il y passa dix ans jusqu'à sa mort de dysenterie, n'ayant d'autre compagnon qu'un chien qui lui permettait de communiquer avec les autres détenus, notamment le prêtre Robert Southwell, en portant des messages.
Agonisant, il en appela à la pitié de la reine pour lui permettre de voir une dernière fois sa femme et son fils, né après son emprisonnement. La souveraine lui fit savoir que s’ “il daignait, ne fût-ce qu'une fois, assister à l'office protestant, non seulement il pourrait revoir sa femme et ses enfants, mais il serait rétabli dans ses titres et propriétés avec toute les marques de ma faveur royale”. À cela, Philip aurait répondu : “Dites à Sa Majesté que si ma religion est cause de mes tourments, je regrette de n'avoir qu'une seule vie à perdre”.
Il grava sur un des murs de sa cellule les mots suivants : Quanto plus afflictiones pro Christo in hoc sæculo, tanto plus gloriæ cum Christo in futuro5).
Canonisé par le pape Paul VI en 1970, comme l'un des quarante Martyrs d'Angleterre et du pays de Galles, ses restes furent transférés de la chapelle Fitzalan, dans l'enceinte du château d'Arundel, à la cathédrale d'Arundel en 1971. Sa tombe est depuis devenue un lieu de pélerinage.
Le commanditaire de la cathédrale avait été marqué, au cours du “grand Tour” que les nobles anglais accomplissaient dans leur jeunesse sur le Continent, par le tapis de fleurs de la Fête-Dieu de Genzano (Latium) et il importa cette coutume à Arundel. Occasion unique à ne manquer sous aucun prétexte, la procession de la Fête-Dieu débute dans la nef de la cathédrale puis se poursuit jusqu'à la cour du château, où est donnée la bénédiction, avant de revenir à son point de départ.
La chapelle Sixtine de l'église de Goring
(1er juin 2015)
Il n'existe que deux chapelles Sixtine dans le monde : la plus connue est à Rome ; la plus récente, reproduction fidèle des fresques de Michel-Ange, est dans le hameau de Goring 6) dans le Sussex. Dans cette église récente qu'extérieurement rien ne distingue de son environnement, l'artiste et paroissien Gary Bevans, a réalisé le plafond entre 1987 et 1993, faisant suite à un pélerinage à Rome. Après avoir essayé la technique de Michel-Ange (allongé sur le dos sur l'échafaudage, face au plafond), il a eu recours à un échafaudage mobile sur lequel il peignait debout. Il ne s'agissait pas de sa première œuvre peinte : en effet l'église possède de lui une Dernière Cène où il a fait figurer la Vierge Marie 7) ainsi que, à titre anecdotique, le chien d'un paroissien décédé entre temps.
Faisant preuve d'une grande humilité, il déclarera d'ailleurs à propos de la fresque :“j'ai tenu le pinceau et Dieu a fait le reste”. Cette œuvre étonnante d'un artiste autodidacte couvre une surface équivalente aux 3/4 de l'original ; elle a attiré et attire les touristes et les visiteurs. Quelques explications sont fournies en ligne mais un film sur DVD peut être visionné ci-contre :